Quel parent ne s’est jamais angoissé à l’idée que son enfant puisse être enlevé et/ou abusé… « Ne parle pas aux inconnus »: Est-ce vraiment suffisant lorsque l’on sait que la plupart des abus sont commis par des personnes de l’entourage « proche ». Pas facile de parler de ce sujet avec les enfants. Il est cependant nécessaire de le faire pour les protéger au mieux et leur apprendre à se défendre si besoin… sans toutefois les « stresser » ou transmettre nos propres inquiétudes.
Sarah Peiffer, psychologue, nous confie quelques conseils et notions pour aborder ce sujet délicat.
A partir de quel âge peut-on aborder ce sujet ?
Peu importe: L’actualité amène parfois des questions de la part de l’enfant… Si ce n’est pas le cas, il est important de trouver un moment pour aborder le sujet, avec un vocabulaire et un niveau d’explications adapté suivant l’âge. Ce sont surtout certaines notions qu’il faut aborder dès le plus jeune âge afin que l’enfant puisse identifier un comportement qui ne serait pas « normal ». Il faut garder à l’esprit certains points essentiels afin d’aider au mieux les enfants à se prémunir de ces dangers.
A propos de ceux qui abusent
L’enfant doit savoir qu’il existe des gens qui ressentent le « besoin incontrôlable » de toucher les parties « interdites » du corps des enfants ou d’autres personnes. Abuser ne se limite pas toujours à vouloir caresser ou toucher un enfant. Montrer des photos de personnes nues ou se toucher devant un enfant est aussi une forme d’abus.
Il faut avoir un discours clair, mais il est inutile de donner des détails sur ce que pourraient faire ce genre d’individus. Cette personne est généralement gentille et polie. Elle peut être jeune, vieille… en quelques mots: elle peut ressembler « à tout le monde »!
A éviter: Utiliser de clichés tels « Le méchant Monsieur » (cela pourrait être une femme)… Celui-ci il n’a pas obligatoirement une camionnette et ne se promène pas qu’aux abord des écoles et des plaines de jeux.
Le « bon » et le « mauvais » secret
Un bon secret concerne quelque chose de positif, une surprise que l’on veut faire à quelqu’un par exemple. Le mauvais secret provoque un malaise...
Pour aider l’enfant à identifier un sentiment de malaise, expliquez-lui que cela ressemble à ce qu’il ressent lorsqu’il a peur (boule dans le ventre, difficulté à avaler). S’il ressent ce sentiment, il doit en parler!
A qui faire confiance?
Voilà peut-être le volet le plus délicat. Il ne faut pas non plus stresser les enfants ou les « couper » du monde. C’est l’occasion justement d’aborder le thème des « personnes de confiance » en nommant par exemple certaines personnes vers qui il pourrait se tourner en cas de besoin. Il est parfois judicieux également de prendre des exemples de la vie quotidienne et d’imaginer des situations qui pourraient se présenter.
« Que fais-tu si je ne suis pas à la sortie de l’école? »; « Que fais-tu si quelqu’un que tu connais un peu te dis que je suis à l’hôpital et qu’il t’emmène me rejoindre? »
Dans tous les cas, nous vivons à l’époque des portables, et il est presque toujours possible de téléphoner pour joindre quelqu’un de confiance.
Que faire en cas de danger?
Il faut bien entendu dire et redire aux enfants qu’il ne faut jamais monter dans la voiture d’un inconnu. Ne jamais accepter de cadeaux ou se rendre chez quelqu’un sans demander la permission aux parents. Si l’enfant se trouve dans une situation où il se sent en danger, passez en revue avec lui ce qu’il pourrait faire: crier, courir, dire « non », se sauver. Envisagez également avec lui les personnes auprès desquelles il pourrait demander de l’aide (entrer dans un magasin, aller près de personnes qui ont des enfants…). Il n’y a malheureusement pas de recette magique… mais le mieux est d’en parler avant qu’une situation arrive pour parer au mieux l’enfant face à ces dangers potentiels.
Mais le plus essentiel au niveau de l’éducation…
« Ton corps t’appartient »
Déjà tout petit, il faut expliquer que certaines parties de son corps sont des « zones personnelles, interdites ». Ce sujet pourra être abordé au moment du bain, ou encore par le biais de certains livres pour enfants. Sans tabous, il faut expliquer à l’enfant qu’il y a des contacts acceptables, et d’autres qui ne le sont pas. S’il ressent quelque chose de bizarre dans l’attitude de quelqu’un, s’il a des doutes, il doit en parler pour éclaircir ce sentiment. Moins les tabous seront présents dans ces moments là, plus facile l’enfant aura pour en parler.
A éviter: Forcer par exemple l’enfant à faire un bisou s’il ne veut pas, même à un proche.
Attention !
Nous transmettons parfois sans le vouloir de mauvais messages aux enfants: « Les grands ont toujours raison » ou encore « Le policer va venir te chercher si tu n’es pas sage! »… En ce qui concerne la prévention, il faut pouvoir parler de la sexualité sans tabous avec eux pour qu’ils ne tombent pas dans le piège du « secret ». Les enfants timides sont souvent les plus exposés, renforcer la confiance en eux les rend plus fort. Parler en toute franchise consolidera la relation de confiance avec l’enfant.
Un film à voir:
Cette vidéo du Conseil de l’Europe intitulée « Parles à quelqu’un de confiance » est consacrée aux abus sexuels commis dans le cercle de confiance des victimes. Elle offre aux enfants âgés de 9 à 13 la possibilité de comprendre à travers l’histoire d’une petite fille ce qu’est la violence sexuelle et comment on peut les en protéger.