En 2020, le « Luxembourg Institute of Health » (LIH) lançait une étude visant à améliorer les mesures de protection des enfants contre l’exposition à la pollution. Un appel avait été lancè afin de récolter des échantillons de cheveux d’enfants âgés de 1 à 12 ans, résidant au Luxembourg (lire l’appel relayé à l’époque).
Dans cette étude entièrement luxembourgeoise, le professeur Brice Appenzeller, du Luxembourg Institute of Health, a non seulement utilisé l’analyse des cheveux pour révéler la multitude de polluants auxquels les enfants sont régulièrement exposés, mais il a également distingué leurs sources primaires dans le but d’établir des mesures préventives qui limiteraient la proximité des enfants avec ces substances dangereuses.
La physiologie et le comportement spécifiques des enfants les rendent particulièrement vulnérables à l’exposition chimique, avec de multiples effets négatifs sur leur santé. Entre autres, l’exposition aux polluants chimiques chez les enfants a été associée à des maladies neurologiques, des problèmes de développement, des perturbations hormonales, des troubles respiratoires et cardiovasculaires, des cancers et l’obésité. Pourtant, les effets complets de l’exposition chimique chez les enfants restent mal définis, car la plupart des études épidémiologiques explorant ces aspects ont été menées sur des populations adultes.
Comme l’explique le professeur Brice Appenzeller, chef de groupe de l’unité de recherche en biosurveillance humaine du Luxembourg Institute of Health : « Les effets de l’exposition aux produits chimiques chez les enfants peuvent différer fortement de ceux des adultes en raison de leurs différences comportementales et physiologiques. Bien que les enfants soient plus petits, leur rapport surface/volume est trois fois plus élevé que chez les adultes, ils ont des périodes de croissance rapide et ils ont tendance à consommer plus de nourriture par unité de poids que les adultes. »
L’étude a recueilli des échantillons de cheveux auprès de 256 enfants résidents âgés de moins de 13 ans. Les échantillons ont été testés pour 153 composés, y compris des pesticides et d’autres produits chimiques trouvés dans la fabrication comme les biphényles polychlorés (BPC), le décabromodiphényléther (DeBDE) et les bisphénols. Un questionnaire a été utilisé pour recueillir des informations sur le mode de vie des enfants, notamment pour savoir s’ils avaient des animaux domestiques à la maison, où ils vivaient et ce qu’ils mangeaient.
Les résultats ont montré que chaque enfant avait une médiane de 61 composés dans ses cheveux, allant de 29 à 88 par échantillon. La concentration la plus élevée était celle du bisphénol A (BPA), couramment utilisé dans la fabrication des plastiques, qui a été observée à 133,6 pg/mg. Bien que les polluants organiques persistants soient interdits en Europe depuis plus de 20 ans, ils ont été trouvés dans plus de la moitié des échantillons, ce qui suggère que le fort passé industriel du Luxembourg, combiné à la longue durée de dégradation de ces produits chimiques, pourrait être à l’origine d’une exposition continue chez les enfants. Des pesticides ont également été fréquemment détectés dans tous les échantillons.
Parallèlement, il a été constaté que la présence d’animaux domestiques à la maison exposait les enfants aux produits chimiques présents dans les antiparasitaires appliqués sur les animaux, ces derniers présentant des risques tels que des réactions oculaires, cutanées et respiratoires, même en cas d’exposition de courte durée.
Retrouvez les résultats complets de cette étude sur www.lih.lu
L’étude a bénéficié du soutien de la Fondation KriibsKrank Kanner, et a été conjointement financée par le Ministère de l’Agriculture du Luxembourg.
Le Luxembourg Institute of Health (LIH) est un établissement public de recherche biomédicale focalisé sur la santé de précision et investi dans la mission de devenir une référence de premier plan en Europe pour la traduction de l’excellence scientifique en avantages significatifs pour les patients.